Avant l’intervention, votre urologue peut vous conseiller deux ou trois séances de rééducation pour apprendre à vous servir de votre périnée. Ces séances son conseillées pour permettre de renforcer l’efficacité de la rééducation post opératoire qui débutera environ six semaines après la chirurgie.
Quelles sont les causes de l’incontinence ?
Ne sachant pas quels sont les facteurs responsables de l’incontinence post prostatectomie totale, il semble plus facile d’effectuer à titre préventif cette rééducation : elle vous permet de vous familiariser à un nouveau comportement.
Beaucoup de patients non prévenus des éventuelles suites post-opératoires, n’assument pas ce statut « cancer-ablation-impuissance-fuites » et présentent en sus, du fait de cette méconnaissance, des troubles psychologiques liés à l’inquiétude ou l’anxiété, qui ne font que majorer l’incontinence, si incontinence il y a .
Dans une étude prospective sur 156 cas datant de 2003 concernant deux groupes de patients comparés (le premier groupe pris en charge en pré et post-opératoire, le second à quatre mois du post-opératoire) nous obtenons pour le premier groupe un nombre de séances de rééducation en périnéologie de 3 à 10, pour le second une moyenne de 45 séances, d’où l’intérêt de cette préparation avant la chirurgie.*
Dans quel but ?
L’incontinence urinaire n’est pas une fatalité mais elle peut exister en post-opératoire à des degrés plus ou moins importants, d’où la nécessité de vous informer.
Cette incontinence urinaire peut apparaître le jour de l’ablation de la sonde ( geste complètement indolore pratiqué par les infirmières), ce qui est normal, puisque la vessie et le sphincter de la vessie n’ont pas travaillé depuis quelques jours .Ces fuites peuvent aussi perdurer quelques jours, voire quelques semaines pour certains, et plus rarement, exister plusieurs mois (moins de 3%), mais quel que soit le délai , il existe toujours une solution, à commencer par l’auto-rééducation à domicile.
Comment ?
Avec l’aide d’un kinésithérapeute spécialisé, vous allez apprendre à connaître vos muscles du périnée en les localisant manuellement (le périnée se situe entre la base des testicules et le sphincter anal) en faisant une petite contraction (faire attention de ne pas bloquer le ventre, ni bloquer la respiration, ni serrer les fesses) ; ces divers exercices, vous les reproduirez à domicile plusieurs fois par jour, tranquillement, pour acquérir la bonne sensation de contraction périnéale. Vous pourrez travailler ces muscles du périnée en maintenant une contraction efficace de quelques secondes, pour favoriser leur tonus de repos et vous les adapterez ensuite à l’effort (sentir la contraction, la retenir, puis la maintenir ) : par exemple, vous le faites avant et pendant un changement de position : s’asseoir, se lever, se baisser, s’habiller, etc…, vous opposerez ainsi une résistance efficace aux fuites urinaires .
Après l’intervention, pendant les six premières semaines, vous referez seul chez vous les exercices appris avec le kinésithérapeute.
Au-delà de deux mois, si des fuites urinaires persistent, l’urologue pourra vous proposer une rééducation spécifique chez le kinésithérapeute, qui vous rééduquera avec des techniques telles que le Biofeedback**. Cette technique vous permettra de mieux visualiser le verrouillage de vos muscles du périnée à l’effort.
Au-delà de 6 mois, si des fuites urinaires persistent, nous sommes dans le cas d’une « incontinence vieillie ». Le kinésithérapeute peut envisager avec l’accord de l’urologue d’utiliser de la physiothérapie par stimulation électrique pour renforcer le sphincter de la vessie. Si malgré ces techniques, il subsiste encore une incontinence, il faut alors passer à d’autres types de traitement qui vous seront précisés par votre urologue.
**biofeedback : technique utilisant un appareil pour objectiver l’activité des muscles du périnée. Cet appareil enregistre les contractions de certains muscles périnéaux et les convertit en signaux visuels par l’intermédiaire d’une instrumentation externe.
le retour à domicile
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Buvez 1.5 l de liquide par jour. Privilégiez l’eau, le thé, le café, la tisane, les jus de fruits pressés, le vin rouge. Interdisez-vous les alcools, les sodas, le champagne, la bière, les vins blancs et rosés .Pour éviter trop de levers nocturnes, il sera opportun de boire beaucoup dans la première partie de la journée, diminuer ensuite, et au dîner, ne boire qu’un verre ou deux.
- Marchez deux fois par jour d’un pas lent, 15 minutes au début en augmentant progressivement votre périmètre.
- Reposez vous le matin, l’après-midi : sieste recommandée, et en soirée pendant environ une heure. Votre vessie pourra mieux se distendre et contenir davantage d’urines. Les sensations de besoin d’uriner seront meilleures. Votre sphincter de l’urèthre se relaxera et deviendra plus performant.
- Apprenez à vous retenir d’uriner un peu plus chaque jour. Lorsque vous urinez, essayez de le faire en une seule fois sans couper le jet.
trouver un kiné spécialisé
Certains kinésithérapeutes sont spécialisés dans la rééducation périnéale masculine.
Vous pourrez trouver un spécialiste :
– sur Doctolib en tapant « rééducation périnéale masculine » dans la barre de recherches
– sur l’annuaire du site de l’AFRePP (Association Française de Rééducation en Pelvi-Périnéologie).
L’ANAMACaP dispose d’une petite liste établie à partir des retours de ses membres.
Conseils de Pascal Blondelle, kinésithérapeute, Centre d’Urologie Bel Air, Bordeaux.
Martine Bruno, kinésithérapeute, Espace Pitot à Montpellier.
Mise en ligne : janvier 2025