QUELS EXAMENS POUR DÉTECTER UN CANCER DE LA PROSTATE ?
Le diagnostic du cancer de la prostate repose sur une combinaison d’examens comprenant successivement le toucher rectal, le dosage du PSA par analyse sanguine, l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) et la biopsie. Ces derniers examens permettant aussi d’évaluer la gravité de la maladie.
Examen clinique : le toucher rectal
L’examen clinique se déroule en consultation avec votre médecin. Il vous pose des questions et peut procéder à une auscultation. Le toucher rectal est un outil dans la démarche de diagnostic avant la prescription du dosage du PSA.
Afin de rechercher des anomalies, le professionnel de santé insère un doigt dans le rectum jusqu’à sentir les contours de la prostate.
Un toucher rectal est suspect si le médecin constate une induration (durcissement des tissus), une masse ou des irrégularités. Dans ce cas, c’est une indication pour poursuivre les examens même si le patient a un PSA « normal » (inférieur à 4 ng/mL). Remarque : il a été montré qu’on pouvait observer près de 15% de cancer de la prostate chez des hommes ayant un PSA normal dont une proportion significative de lésions à haut risque (1).
Il faut savoir aussi qu’un toucher rectal normal n’exclut pas un cancer car cet examen ne permet de détecter que des tumeurs palpables et seulement d’un côté de la prostate (comme montré sur la figure ci-après).

La plupart du temps, le toucher rectal est indolore. Il peut cependant engendrer un sentiment de gène chez certains patients avec possible conséquence un refus de se faire dépister. Une étude publiée en 2024 portant sur 85 000 hommes* suggère que dans un contexte de dépistage précoce du cancer de la prostate SANS symptômes, le toucher rectal pourrait être omis sans réduire l’efficacité globale de ce dépistage VS un test de PSA seul. Par ailleurs, l’évolution de l’IRM de prostate permet de mieux cerner les lésions suspectes.
* Matsukawa A, Yanagisawa T, Bekku K, Kardoust Parizi M, Laukhtina E, Klemm J, Chiujdea S, Mori K, Kimura S, Fazekas T, Miszczyk M, Miki J, Kimura T, Karakiewicz PI, Rajwa P, Shariat SF. Comparing the Performance of Digital Rectal Examination and Prostate-specific Antigen as a Screening Test for Prostate Cancer: A Systematic Review and Metaanalysis. Eur Urol Oncol. 2024 Jan 4:S2588-9311(23)00292-4. doi: 10.1016/j.euo.2023.12.005. Epub ahead of print. PMID: 38182488.
Examen sanguin : la mesure du PSA
Le PSA (antigène prostatique spécifique) est une protéine produite par la prostate qui entre dans la composition du sperme. Un dosage de PSA inclus dans un simple bilan sanguin peut permettre d’alerter sur une suspicion de cancer de la prostate (ou d’un trouble bénin de la prostate).
Pourquoi faire une IRM de prostate ?
Cet examen sera prescrit par votre urologue s’il a détecté une anomalie au toucher rectal ou si votre taux de PSA ou son élévation ne peut être expliqué ni par une hypertrophie bénigne (adénome), ni par une prostatite ou par une infection urinaire.
L’IRM multiparamétrique de prostate est aujourd’hui fortement recommandée avant la biopsie. L’évolution de cet examen d’imagerie est devenu d’une importance capitale dans la stratégie diagnostic du cancer de la prostate. C’est un outil très performant pour visualiser la glande de façon très précise et localiser d’éventuelles zones suspectes nécessitant une biopsie. Elle est également utilisée pour vérifier une extension éventuelle de la maladie en dehors de la glande prostatique.
La biopsie prostatique est-elle toujours nécessaire ?
Si l’IRM a révélé des lésions fortement douteuses, la réalisation de biopsies prostatiques ciblées (fusion d’images) sous échographie est une étape indispensable pour établir un diagnostic formel de cancer de la prostate. Seule la biopsie indique s’il y a ou non présence de cellules cancéreuses dans les prélèvements et leur éventuelle agressivité. Elle permet aussi de déterminer le stade du cancer dont dépendra le traitement approprié. L’extension du cancer sera déterminée en utilisant la classification internationale TNM (T pour la taille de la Tumeur, N pour les ganglions et M pour les métastases).
A noter : si les biopsies sont réalisées sous échographie sans fusion d’image à l’IRM, leur fiabilité sera dépendante du volume des lésions cancéreuses et de la prostate. L’apport de la fusion d’image augmente la fiabilité des biopsies à 90%.
ZOOM SUR LES BIOPSIES DE PROSTATE
Le bilan d’extension
D’autres examens peuvent être recommandés selon les résultats de la biopsies, du PSA et de l’IRM. On parle alors de bilan d’extension.
Pour les cancers avec un PSA > 10ng/mL et un score ISUP > 2 ou avec une atteinte dépassant la capsule prostatique sur l’IRM, un bilan complémentaire est prescrit pour rechercher d’éventuelles métastases locales ou à distances (ganglions, os, foie).
Il consiste en un scanner ou IRM de l’abdomen pour les atteintes ganglionnaires. Un curage peut être proposé en cas de prostatectomie radicale ou avant une radiothérapie.
Pour rechercher des métastases à distance, des examens d’imagerie en médecine nucléaire seront proposés (scintigraphie, TEP-SCAN) du type TEP-choline à défaut une scintigraphie osseuse ou un scanner thoraco-pelvien.

L’ensemble de ces examens pourront être proposés pour le suivi de la maladie et pour la détection d’éventuelles récidives.
En cas de diagnostic de cancer de la prostate, l’ANAMACaP donne 3 conseils :
1) Ne pas paniquer, la maladie évolue généralement lentement
2) Bien s’informer soi-même pour participer aux décisions de prise en charge avec l’équipe médicale
3) Si vous en ressentez le besoin, vous pouvez demander un 2ème avis
Sources :
- (1) recommandations de l’Association Française d’Urologie
- livre : dans la tourmente de la prostate, éditions Favre