Avant tout, il convient de comprendre à quel type de cancer de prostate vous êtes confronté pour choisir la meilleure stratégie personnalisée de traitement (ou de simple surveillance !) avec vos médecins. L’analyse initiale de la tumeur (staging) est donc primordiale. La gravité du cancer de la prostate sera basée sur son agressivité, son étendu par l’IRM et son risque d’évolution ; elle peut être classée selon son volume, son extension à l’intérieur ou en dehors de la prostate, du taux de PSA et des résultats de l’analyse des biopsies.
LA Gravité du cancer de la prostate en résumé
La gravité du cancer de la prostate peut être classée selon son volume et son extension en dehors de la prostate, le taux de PSA et le score de Gleason ou ISUP.
Cancers localisés : le cancer est limité à la prostate
- De risque évolution faible : PSA inférieur à 10 ng/mL et score ISUP1 et toucher rectale non suspect
- De risque évolutif intermédiaire : PSA entre 10 et 20 ng/mL ou score ISUP 2 ou 3 ou toucher rectal suspect sur un lobe
- De risque évolutif élevé : PSA supérieur à 20 ng/mL ou score ISUP supérieur à 3 ou toucher rectal induré sur les deux lobes.
Cancers avancés : le cancer est sorti de la prostate
- Avec extension loco-régionale : le cancer a franchi la capsule de la prostate. Il envahit les espaces autour de la prostate ou les ganglions lymphatiques du pelvis.
- Avec extension métastatique : le cancer a disséminé dans d’autres organes (os, poumon, foie…) ou dans des ganglions lymphatiques éloignés de la prostate.
Déterminer l’agressivité du cancer de la prostate
Lorsqu’un patient reçoit le diagnostic formel d’un cancer de prostate établi par les biopsies, on peut classer le cancer selon un risque d’agressivité sur une échelle de Gleason. Il existe aussi un score ISUP, qui tend à le remplacer progressivement. Ces scores sont évalués par l’analyse sous microscope des fragments prélevés lors de la biopsie de prostate. Les cellules cancéreuses de prostate sont analysées de très près par l’anatomopathologiste : si leur forme ressemble à une cellule saine de prostate, le grade attribué est faible. Plus ces cellules sont déformées, plus les scores sont élevés et plus le cancer est agressif. Pour calculer le score de Gleason, on additionne le 1er grade le plus représenté puis le second. Lorsqu’il existe plusieurs tumeurs, c’est le score le plus élevé qui est retenu.
Pour un patient avec un score de Gleason 3 + 3, on considère généralement que le cancer est peu agressif et d’évolution lente. Le Gleason 3 + 4 est un intermédiaire favorable car le grade 3 peu agressif est le plus représenté. Le Gleason 4 + 3 est un intermédiaire défavorable car le grade 4 est cette fois-ci le plus présent. A partir d’un Gleason 4 + 4, on considère le cancer de prostate comme agressif.
Tableau de correspondance des scores de Gleason et ISUP pour un cancer de la prostate
Classification internationale TNM du cancer prostatique
En cas de cancer de la prostate, il est nécessaire de savoir si ce cancer est localisé à la glande prostatique ou s’il en a déjà franchi les limites, car les traitements proposés seront différents. Un bilan d’extension de la maladie est donc réalisé par IRM. La classification internationale TNM (Tumeur, Ganglions, Métastases) permet de classer le cancer. On peut retrouver la lettre R après prostatectomie radicale : elle indique un reste de tumeur ou une marge tumorale positive. La dernière version publiée par l’organisme référent UICC date de 2016.
Voici les grandes lignes de cette classification :
T décrit la taille et l’étendue de la tumeur primaire
Tx : tumeur non évaluable
T0 : absence de tumeur primaire
T1 : tumeur non palpable et non visible à l’imagerie
…
T1c : identifiée par biopsie sur élévation du PSA
T2 : Tumeur limitée à la prostate
T2a : atteinte de la moitié d’un lobe ou moins
T2b : atteinte de plus de la moitié d’un seul lobe
T2c : atteinte des deux lobes
T3 : Extension au-delà de la capsule prostatique
…
T4 : Tumeur fixée ou atteignant d’autres structures que les vésicules séminales
N décrit l’implication régionale des ganglions lymphatiques (zone pelvienne)
N0 : absence de métastase ganglionnaire
N1 : atteinte ganglionnaire régionale
M décrit la présence ou non de métastases à distance de la prostate
M0 : absence de métastases à distance
M1 : métastase à distance
Consultez la classification détaillée et intégrale sur le site de l’association française d’urologie : https://www.urofrance.org/outils/recommandations-des-cancers-urologiques/prostate/classifications/tnm-2016/
Ce classement TNM permet de donner le stade du cancer de la prostate sur une échelle de 1 (débutant) à 4.
Estimer le risque d’évolution du cancer de prostate
Grâce au tableau créé par le radiothérapeute d’Amico, on peut estimer le risque d’évolution du cancer de la prostate et le pronostic de récidive à 5 ans. Le taux de PSA, le volume tumoral, le stade et les scores ISUP ou Gleason définissent ce classement du risque.
Ce classement a été amélioré par la classification de CAPRA en intégrant le nombre de biopsies positives (sur les standards de 12 prélèvements). CAPRA tient compte de l’âge, du PSA, du score de Gleason et du stade clinique du patient (tumeur palpable ou non au toucher rectal).
Nota bene : certaines mutations génétiques rares prédisposant au cancer de la prostate sont associées à un risque évolutif plus élevé et sont considérées comme un facteur aggravant. Il s’agit des mutations intéressants les gènes BRCA2 ou HOXB13.
Agir avec connaissance : les clés d’une décision éclairée
Pour les hommes, comprendre son cancer de la prostate, c’est faire le premier pas vers une prise en charge personnalisée et une décision partagée. Grâce aux différentes classifications et outils d’évaluation, il est possible d’estimer avec précision l’agressivité de la tumeur et d’adapter le traitement (ou une simple surveillance) en conséquence. L’évolution des traitements et la recherche médicale offrent un arsenal thérapeutique très large pour les hommes atteints d’un cancer de la prostate. En discutant avec votre équipe médicale, vous pourrez élaborer un plan de soins sur mesure qui prendra le plus possible en compte vos besoins et vos attentes. N’hésitez pas à vous appuyer sur le soutien de votre entourage et des associations de patients comme l’ANAMACAP.
Mise à jour en octobre 2024
Sources
- Journée scientifique médecins patients de l’ANAMACaP 2015 : marqueurs d’agressivité par le Pr Olivier CUSSENOT
- Journée scientifique médecins patients de l’ANAMACaP 2014 : point sur les traitement focalisés et leur indication par Pr Olivier CUSSENOT
- Associations Européenne et Française d’Urologie
- Livre « dans la tourmente de la prostate », éditions Favre
- UICC.org