63 ans et demi
chirurgien orthopédiste-traumatologue en cumul emploi retraite
j’ai commencé à faire doser le PSA à partir de l’âge de 60 ans après avoir discuté avec un collègue urologue
auparavant, j’avais des difficultés mictionnelles liées à ce que l’on m’avait élégamment dénommé trouble du col vésical, mais qui s’est requalifié par la suite hypertrophie du lobe médian
en quelques années le taux a grimpé, j’ai donc eu une IRM, qui montrait quelques images suspectes, d’où une biopsie sous anesthésie locale
le collègue qui l’avait effectué le geste a dû mettre « Dr » avant mon nom, si bien que le résultat anatomo-pathologique m’est parvenu par mon courrier professionnel, et j’ai ouvert l’enveloppe juste avant de démarrer une consultation ; comme délicatesse d’annonce, il y a mieux…
après quoi, il y a eu une simple surveillance du taux de PSA, pendant deux ans, puis nouvelle IRM du fait d’une augmentation, puis nouvelle biopsie, sous anesthésie générale celle-ci, avec écho-guidage couplé aux images d’IRM
résultat, aggravation et indication de prostatectomie radicale
une première proposition m’a été faite sans robot
mais divers avis d’amis / collègues m’ont incité à prendre un second avis, avec un opérateur aguerri à la technique robot-assistée
environ 3 heures d’intervention, un peu plus de temps d’anesthésie en comptant l’installation et le réveil, sortie à pas tout à fait 24 heures de la fin d’intervention
il m’avait été dit en pré-opératoire, par une infirmière parcours-patient, que ce n’était pas très douloureux, mais mon opérateur, lui, à la visite, m’a plutôt parlé de l’équivalant d’un accouchement, et il avait vu juste…
en effet, petit trouble du transit consécutif à la morphine post-opératoire immédiate, même si une fois rentré au domicile je n’ai pris « que » 4 x 1.000 mg de paracétamol, douleurs pariétales sur la globalité des 6 incisions, douleurs périnéales, et douleurs péniennes en rapport avec l’irritation urétrale par la sonde
pas toujours facile d’anticiper un éternuement ou une toux ; pour s’asseoir, j’ai opté pour deux « pool boys » ou deux K-ways, sous les ischions, pour laisser la zone périnéale en décharge, et ce durant plusieurs semaines…
j’ai eu une infection urinaire, à deux germes, traitées par antibiotique, avec la crainte de développer des douleurs tendineuses, mais heureusement non
également un écoulement par la cicatrice principale (celle pour l’extraction de la prostate) qui a duré une quinzaine de jours et que j’ai soigné moi-même par des pansement biquotidiens ; cela a fini par se tarir et cicatriser
les suites de l’ablation de la sonde se sont traduites par des douleurs mictionnelles importantes, qui ont mis plusieurs semaines à se résorber, l’infection n’ayant probablement pas aidé
par contre, j’ai eu la bonne surprise de vivre une érection nocturne spontanée la veille de l’ablation de la sonde, donc sonde en place, ce qui est certes bon pour le moral, mais passablement douloureux…
dans les jours suivants, toute ébauche d’érection spontanée entraînait des douleurs par je suppose la mise en tension de l’urètre suturé, d’une part, et d’autre part des irritations douloureuses du méat dans la protection que j’ai fini par ne plus porter, ce d’autant que je n’avais pas de fuite nocturne ; par contre je me suis emballé le pénis en « poupée » avec une compresse non tissée et une bande type velpeau pour éviter tout frottement drap / méat
mon opérateur m’avait prévenu qu’il devrait sacrifier une des deux bandelettes, mais a pu conserver l’autre ; il m’a mis dès la sortie sous tadalafil ; et l’un dans l’autre (jeu de mots typiquement carabin) j’ai pu reprendre une vie sexuelle normale, voire exaltée par rapport (là pas de jeu de mots) à avant, à un peu moins de J+30 ; il m’avait averti que chez certains patients les orgasmes pouvaient être éventuellement ressentis comme meilleurs après l’intervention, et j’ai l’impression que tel est mon cas
concernant la continence urinaire, j’avais eu l’heureuse surprise d’en ressentir très peu dans les jours ayant immédiatement suivi l’ablation de la sonde, mais plus au bout d’une dizaine / douzaine de jours ; personnellement j’ai attribué cela à la diminution de l’œdème périnéal post-opératoire, mais l’urologie n’est pas ma spécialité, donc ce n’est qu’une interprétation subjective
j’avais fait beaucoup d’auto-rééducation en pré-opératoire, et pendant 3 à 4 mois ; cela a dû jouer pour les suites, qui au final ne sont pas si catastrophiques
il l’avait été recommandé de ne faire aucun effort de poussée abdominale ni de port de charge durant le mois post-opératoire ; j’ai scrupuleusement respecté ces recommandations, en me contentant de marcher si possible chaque jour, et effectivement j’ai pu faire des parcours de 4 à 7 km quasiment quotidiennement ; petit souci d’urgenturie / syndrome de « clé sur la porte » au retour à plusieurs reprises, mais cela se travaille…
le vélo était déconseillé également et j’ai vite compris pourquoi ; la moto j’ai repris à 31 jours, sur un petit parcours, mais je l’ai un peu payé dans les heures suivantes en termes de douleurs mictionnelles
consultation à 2 mois = anatomopathologie rassurante, la résection s’est faite en zone de sécurité, et le taux de PSA est infime ; mon opérateur m’a annoncé que je pouvais être considéré comme en rémission, ce qui fait plaisir à entendre ; il restera la surveillance habituelle à laquelle je ne compte pas me soustraire
concernant la continence, je suis à une dizaine de séances de kinésithérapie, et cela progresse régulièrement ; quasiment aucune fuite y compris en ayant repris un sport de type boxe anglaise
mes petites misères persistantes à un peu plus de 2 mois sont quelques brulures mictionnelles minimes, et plusieurs épisodes quotidiens d’hématurie ; comme je suis sous anticoagulant oral au long cours, il m’a été dit que cela pouvait se produire ; patience…
voilà ma petite expérience, et je dois admettre que c’est quand-même une sacré aventure
au final je m’en tire plutôt bien, vie sexuelle normale et continence urinaire que j’espère parfaite d’ici à quelques semaines