Estimer la probabilité de rechute et protocole AFU-GETUG 20

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  • #153354
    Emmanuel
    Participant

    Diagnostiqué Gleason 7, j’ai subi une prostaectomie radicale en juin dernier. En août, PSA indétectable, mais le compte-rendu d’examen fait apparaître une « infiltration tumorale de la vésicale droite ». Je suis donc classé « haut-risque » (pT3b Nx R0) et mon chirurgien me propose de ce fait de participer à un protocole de recherche AFU-GETUG 20. Si j’accepte, on tirera au sort le camp dans lequel je jouerai : Soit surveillance active, c’est-à-dire la même chose que si je n’accepte pas de participer au protocole, soit traitement hormonal pendant 2 ans. L’étude a en effet pour objectif d’évaluer l’efficacité d’un traitement hormonal « adjuvant », (Eligard 45mg) chez les patients classés comme moi à haut risque de rechute après prostatectomie totale. Il s’agit en fait de bloquer la production de testostérone pendant 2 ans. L’idée de l’étude est de prendre un traitement préventif, sans attendre une remontée du PSA.

    Sur le principe, je serais évidemment très content de faire avancer la science, mais du point de vue personnel, il s’agit d’une décision difficile à prendre. Il y a évidemment une chance sur deux pour que cette décision ne change rien (si je suis tiré au sort « surveillance active » sans traitement hormonal), mais dans l’autre cas, j’ai d’un côté une possible augmentation de mon espérance de vie, et de l’autre côté l’assurance d’une qualité de vie moindre, les effets secondaires d’un blocage de testostérone n’étant pas neutres.

    Je suis preneur de conseil de la part de quiconque serait passé par là. J’aimerais bien aussi en savoir davantage sur la probabilité de rechute pour quelqu’un dans mon cas. Je suis donc preneur de publications ou article de synthèse sur le sujet (je sais bien que la question n’est pas facile : difficile de dire, par exemple, si une étude statistique menée aux US dans les années 90 est pertinente en France en 2015).

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    • Christian
      Participant

      Bonsoir Emmanuel Deux,

      [b]Probabilité de rechute ???[/b]

      Pour un cancer un peu plus avancé que le vôtre, mon oncologue radiothérapeute estime que j’ai une chance sur deux d’en guérir.
      – Prostatectomie radicale en mai 2014 ;
      – Gleason 7 (4+3), avec moins de 10 % de cellules de grade 5 ;
      – le classement de ma tumeur était « pT3.b N1 M0 » (1 vésicule et 2 ganglions sur 4 étaient déjà atteints) ;
      – deux mois après la prostatectomie, mes PSA n’étaient descendus qu’à 0,09 ;
      – l’hormonothérapie (Enantone) a été mise en place en suivant, pour une période 2 ans (les PSA sont depuis indétectables) ;
      – la radiothérapie de rattrapage va débuter à la fin de ce mois.
      Mon oncologue est-il optimiste et/ou essaye-t-il de ne pas m’effrayer ?
      Qu’importe…, mes 58 ans et mon bon état de santé par ailleurs, mon instinct de survie et le sport que je n’ai jamais lâché vont lui donner raison…

      Dans votre cas, le fait d’avoir des PSA indétectables deux mois après votre opération est de bonne augure.
      Cela laisse supposer qu’aucune ou très peu de cellules malades sont toujours actives chez-vous.
      De quoi est composé votre score de Gleason 7 ? S’agit-il d’un « 4+3 » ou d’un « 3+4 » (cas plus favorable) ?
      Pourquoi le curage ganglionnaire n’a-t-il pas été réalisé lors de votre PR ? Une cotation « N0 » aurait été plus rassurante qu’une « Nx »…

      [b]Participer ou pas au protocole AFU-GETUG 20 ???[/b]

      J’en conviens, la prise de décision n’est pas simple…
      Pour vivre les effets pervers de la privation androgénique, dans votre cas (PSA indétectables) je me cantonnerais bien à la surveillance active.
      Avec un contrôle PSA tous les 3 mois, vous détecterez très rapidement toute velléité de la maladie et agirez en conséquence.
      Ceci dit, je vous fais part de mon retour d’expérience sur l’hormono :
      – la perte de libido perd de son importance si les bandelettes neuro-vasculaire n’ont pas été préservées lors de la PR… ;
      – l’activité sportive quotidienne aide bien à surmonter les « coups de mou » tant physiques que psychologiques ;
      – elle est une bonne réponse pour lutter contre la prise de poids et paraît-il pour contrer l’ostéoporose ;
      – à activité physique constante et à cause de la baisse du métabolisme, il faut réduire la prise alimentaire pour ne pas grossir ;
      – à part les médicaments hypnotiques, je n’ai par contre rien trouvé d’efficace pour mes troubles du sommeil…

      Amicalement

    • Emmanuel
      Participant

      A l’attention du modérateur: Pouvez-vous remplacer le message envoyé il y a une heure par celui-ci.

      Merci Papipoun pour cette réponse étayée.

      [b]Précisions[/b]
      Concernant mon cas, quelques précisions:
      – J’ai 67 ans
      – Gleason 3+4 (3 à 95% et 4 à 5%)
      – Le curetage ganglionnaire n’a pas été réalisé probablement parce que l’IRM n’avait pas détecté de dépassement.  » L’infiltration tumorale de la partie proximale de la vésicule séminale droite » relevé par l’examen post-opératoire a été une surprise. Le compte-rendu ajoute que la partie distale de la VS droite ainsi que la VS gauche sont indemnes. Les canaux déférents sont également indemnes.
      – Pour être complet, j’ajoute que « les limites chirurgicales passent en zone saine » mais il est également mentionné « présence d’engainements tumoraux peri-nerveux.

      [b]Questions[/b]
      – Quelle est la signification de Nx ?
      – Que penser de cette publi relayée par doctissimo ?
      http://news.doctissimo.fr/Sante/Cancer-de-la-prostate-pas-d-urgence-a-traiter-en-cas-de-recidive-biologique-34971

      De tout coeur avec toi pour ton traitement et ton rétablissement, Papipoun.

      Emmanuel

    • Christian
      Participant

      Bonjour Emmanuel,

      Dans le classement TNM de ce cancer, la lettre « N » exprime l’atteinte éventuelle des ganglions situés près de la tumeur initiale.
      – Nx : atteinte des ganglions régionaux non évaluée (c’est à priori ton cas) ;
      – N0 : absence de métastase ganglionnaire régionale ;
      – N1 : atteinte ganglionnaire régionale avérée.
      Ton cancer étant diagnostiqué « local » et non « localement avancé » comme le mien, je comprends pourquoi ton chirurgien n’a pas jugé nécessaire de pratiquer sur toi un curage ganglionnaire…
      Le fait que tes « limites chirurgicales passent en zone saine », est une autre bonne nouvelle…

      Pour ce qui est de la publication dont tu parles ci-dessus, j’avoue viser autre chose que la cible simpliste « survie à 5 ans ». A 58 ans, qui va me jeter la pierre ?
      A mon sens, mettre dans le même sac tous les cas de figure ne fait que rajouter du trouble dans les esprits (faut-il traiter ou pas…).
      Chaque cas doit être considéré en fonction de multiples critères : âge du malade, état de santé par ailleurs, PSA initial, score de gleason, résultats anatomopatologiques, PSADT après traitement, philosophie de vie du malade…
      D’autre études ne prennent comme repère que l’état binaire « mort ou vif » à 10 ans, sans se préoccuper de l’état de santé du malade s’il est toujours avec nous : guéri, en rémission ou grignoté par les métastases…
      Perso, j’ai toujours la faiblesse de ne viser que ma guérison et de tout faire pour augmenter mes chances d’atteindre cet objectif.

      Amicalement

    • Emmanuel
      Participant

      Merci encore papipoun, pour tes réponses.

      A 67 ans aussi, on a envie de vivre un peu plus que cinq ans. J’essaie de comprendre si l’évidence de commencer une hormonothérapie le plus vite possible à titre de traitement préventif « pour tordre le cou aux micrométastases » est contredite par cette étude au critère certes simpliste (5 ans de survie), mais la simplicité du critère permet de faire des statistiques.

      Tes messages m’aideront sans doute à me mettre dans une posture de combat pour faire face à la suite.

      Emmanuel

    • Christian
      Participant

      Bonsoir Emmanuel,

      J’ai déjà eu ces deux réponses (presque contraires) à cette question…

      1) Dans le fascicule « Le traitement hormonal du cancer de la prostate – Le guide du patient » Édition VIVIO, je lis en page 14 :
      [i]…En l’absence de testostérone, les cellules prostatiques normales tout comme les cellules prostatiques cancéreuses vont être soumises à un rapide processus d’autodestruction, nommé apoptose. C’est pourquoi le traitement anti-hormonal a pour but de réduire l’action de la testostérone sur les cellules cancéreuses afin d’empêcher leur renouvellement…[/i]

      2) Mon oncologue a été moins rassurant quand je lui ai posé la question : pour lui, le traitement anti-hormonal dont je bénéficie mettra en sommeil mes cellules prostatiques malades restantes et empêchera leur reproduction en attendant la radiothérapie mais ne les détruira pas…
      Peut-être que sa réponse s’appliquait à mon cas (stade et agressivité du cancer). L’arme de destruction après la prostatectomie radicale sera donc pour moi la radiothérapie de rattrapage…

      Amicalement

    • Georges
      Participant

      Bonsoir,

      Après une prostatectomie radicale élargie il y a 8 mois (marges positives avérées suite à l’opération),, mon PSA est passé de 13,7 avant opération à 0,03 (mars 2015) puis 0,06 (sept 2015) donc sous la « ligne de flottaison » pour toute décision actuellement.

      Autrement dit : il est urgent d’attendre (0,2 ?) pour attester ou pas une récidive biologique.

      Mon urologue m’a convaincu que si le PSA venait à atteindre le seuil critique, l’éventuel choix futur entre radiothérapie et hormonothérapie serait la radiothérapie, seul procédé apte à détruire les cellules cancéreuses.

      Ce ne sera que si cette méthode ne donne pas de résultats probants qu’on envisagera une autre procédure, sans préciser laquelle actuellement.

    • Christian
      Participant

      Bonsoir Georges, bonsoir tout le monde !
      Puisque le niveau des PSA semble remonter, je ne comprends pas l’intérêt d’attendre le seuil de 0,2 après votre prostatectomie radicale dont l’analyse des pièces opératoires a révélé des marges positives…
      Existe-t-il des cas (Gleason non inquiétant par exemple) où les cellules malades qui ont réchappé au bistouri, meurent toutes seules ?
      Dans ce cas, je croyais au contraire qu’il valait mieux frapper fort et vite (radiothérapie de rattrapage par ex.) pour augmenter nos chances d’éradiquer la maladie…
      A votre place je suivrais l’évolution de ces PSA très régulièrement et si cette augmentation est avérée, je demanderai un passage à l’action sans attendre le seuil de 0,2.
      Amicalement

    • Georges
      Participant

      Bonsoir papipoun et à tous,

      Dans mon cas on ne peut pas encore dire que le taux de PSA « remonte ».
      A zéro et 2 chiffres après la virgule, on est dans la marge d’erreur de l’analyseur dont le seuil inférieur de détection est 0,04

      Ceci dit, tout comme avant une prostatectomie, c’est la progression exponentielle du PSA qui nourrit l’argument décisionnel pour une intervention.

      D’après les explication que j’ai eues, des marges positives confèrent un risque statistique d’environ 50% d’une récidive biologique ; d’éventuelles cellules cancéreuses présentes peuvent rester inertes ; il faut surveiller régulièrement pour l’attester ou non.

      De plus, la radiothérapie n’est pas sans conséquences invalidantes (incidences au niveau périnéal, des sphincters, de l’urètre etc…) et n’est dès lors pas prescrite « en préventif ».

      Il est donc… urgent de ne rien faire pour l’instant.

      Pas simple tout ça !…

    • Emmanuel
      Participant

      Finalement, après avoir pris l’avis de l’urologue qui me suivait jusqu’à l’opération (si j’étais vous, je ne le ferais pas !), j’ai décidé de ne pas participer à AFU-GETUG 20. Par le fait même, j’ai donc suivi les recommandations de papipoun.

      Emmanuel

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