Etrange paradoxe : le cancer de la prostate est un des rares cancers à disposer d’un système d’alerte qui donne une chance au patient de le soigner à temps.
Et on s’en plaint ! Ne peuvent s’en plaindre que ceux qui le connaissent (qui oblige ceux qui le connaissent à se dépister ?). Ne peuvent s’en plaindre également que ceux qui ne le connaissent pas et qui n’ont pas été dépistés à temps. Certains parmi les premiers (ceux qui connaissent le test PSA) veulent que les seconds continuent à ne pas le connaître (pour des motifs divers et variés qui ont été analysés par l’Université de Columbia et ont tous été considérés comme alimentant une pseudo-controverse – abstract : the journal of urology Vol 172, 1822-1824 November 2004). La conséquence de cette pseudo-controverse scientifique est que tous ceux qui ont l’obligation de prévenir les français de ce danger mortel (+ de 10.000 morts par an) se regardent dans le blanc des yeux. Beaucoup de patients considèrent cette attitude comme criminelle et l’ANAMACaP étudie toutes les voies, y compris judiciaires, pour faire sauter ce système de non-information.
La vraie information est la suivante :
Le dosage de PSA n’est qu’une indication sur la décision de faire ou ne pas faire une biopsie. Celle-ci donne une information solide sur l’existence ou l’absence de cancer et de son degré de gravité.
Autrement dit : A moins de 60 ans : PSA > 3 ou à plus de 60 ans PSA > 4 doit entraîner la réalisation d’une biopsie, opération bénigne pratiquée en ambulatoire. Celle-ci donne un résultat certain à 95%. Si le résultat démontre la présence d’un cancer et selon les valeurs trouvées, il y a plusieurs options de risque et d’action sur lesquelles le patient doit être libre de choisir. Les examens réalisés fournissent les points de départ du choix. Le patient qui n’a pas ces indications ne peut évidemment faire aucun choix. La justification d’un dépistage est de permettre la détection d’une tumeur débutante (qui ne se traduit pas autrement), ce qui fournit les meilleures conditions pour éradication complète et définitive. Ne pas faire de dépistage est prendre le risque de se voir découvrir une tumeur évoluée, beaucoup plus difficile à traiter, avec un certain pourcentage d’échecs c’est-à-dire de morts. A part son coût, le dépistage ne comporte aucun inconvénient objectif. Les inconvénients subjectifs sont ceux de la personne qui évite d’aller voir un médecin « de peur que celui-ci lui découvre un cancer » et qui ne pense pas que celui-ci peut aussi découvrir qu’elle n’a pas de cancer !
Nous laissons à vos pensées le mail suivant que nous réceptionnons aujourd’hui (80% de nos adhérents sont victimes de cette non-information).
ANAMACaP
Dany – 29/10/2005
Je découvre votre association sur les conseils d’un ami atteint d’un cancer de la prostate. Mon mari âgé de 59 ans est décédé en juillet dernier de cette maladie qui a été détectée fortuitement, suite à un accident sportif mineur, au stade de métastases généralisées.
Ma rancœur face à cette situation, est que mon mari, médecin et chercheur à l’INSERM était suivi régulièrement par la médecine du travail, et, depuis trois ans par l’Institut Bergonié (centre anti-cancéreux) à Bordeaux pour une LLC. Il a donc eu des prises de sang à intervalles réguliers, mais jamais n’y a figuré le taux de PSA, ce que je trouve aberrant. Aussi ne pensez-vous pas que cette analyse pourrait faire partie d’examens réguliers, surtout en médecine du travail ? A l’heure où on cherche à nous culpabiliser sur le coût exorbitant des dépenses de santé j’aimerai savoir combien coûterait cette analyse sanguine généralisée, face à celui de 2 ans de traitements lourds et sans espoir. Je ne parle pas de la douleur morale qui s’y ajoute quand on se dit qu’une détection précoce aurait pu éviter ces souffrances.