Au cours de leur vie, la quasi-totalité des hommes connaitront des dysfonctionnements de leur prostate et seront confrontés aux principales maladies de cet organe masculin. Certaines sont bénignes, d’autres sont plus graves. En dehors du cancer, deux autres maladies fréquentes de la prostate peuvent parfois provoquer des troubles, sans forcément nécessiter une intervention. A noter, l’augmentation du taux de PSA (Antigène Spécifique de la Prostate) révèle un dysfonctionnement de la prostate, pas nécessairement un cancer.
On distingue :
- l’hypertrophie bénigne de la prostate. Il s’agit d’une augmentation du volume de la prostate. Elle peut parfois provoquer des problèmes urinaires (vidange normale de l’urine par la vessie) par le rétrécissement du canal de l’urètre.
- la prostatite, une inflammation de la prostate qui peut être bactérienne (dans ce cas, c’est une urgence).
- le cancer de la prostate, premier cancer des hommes dans les pays occidentaux, est généralement d’évolution lente. Il s’agira de comprendre le profil de ce cancer pour choisir la meilleure stratégie de prise en charge. La question d’une simple surveillance dit active pourra être abordée pour les cancers peu agressifs de faible risque évolutif.
l’hypertrophie bénigne de la prostate
Presque tous les hommes, en vieillissant, sont sujets à l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) appelée aussi adénome prostatique ou encore hyperplasie. Elle survient généralement à partir de 50 ans avec le vieillissement normal de la prostate. Cette maladie n’a rien à voir avec les cancers prostatiques même si la même tranche d’âge est concernée.
Les causes
L’origine n’est pas encore vraiment connue. Cette maladie bénigne de la prostate résulte d’une croissance excessive de cellules de prostate non cancéreuses qui entraine le gonflement de la zone entourant l’urètre. Celui-ci se retrouve comprimé, gênant ainsi la vidange normale de la vessie.
Près de 350 000 hommes sont traités chaque année. Bien que bénigne, elle peut néanmoins engendrer des troubles voire des complications urinaires. Mais cette maladie ne provoque pas forcément de gênes et ne nécessite alors aucune intervention.
En aucun cas, l’HBP (adénome) ne peut dégénérer en cancer (adénocarcinome) ni augmenter le risque de survenu d’un cancer de prostate. Ce sont deux maladies totalement différentes qui peuvent cependant coexister.
Les symptômes
Les symptômes de l’hypertrophie sont de deux ordres, obstructifs ou irritatifs.
Les symptômes obstructifs sont généralement une difficulté à initier la miction (dysurie), un jet urinaire faible et interrompu, des gouttes retardataires, une sensation de vidange incomplète.
Les symptômes irritatifs sont une envie pressante et fréquente d’uriner, l’impossibilité de se retenir (incontinence d’urgence), le besoin de se lever plusieurs fois par nuit.
En cas de gênes puis de consultation, plusieurs examens seront prescrits pour s’assurer qu’il s’agit bien d’un HBP et pour évaluer son retentissement sur les urines (échographie, recherche d’infections, dosage du PSA…)
Les complications
L’augmentation du volume de la prostate peut favoriser à terme certaines complications urinaires comme la rétention d’urine, des hernies ou hémorroïdes, des infections ou la formation de calculs vésicaux. Elle peut également nuire à la qualité de vie. C’est pourquoi il est nécessaire de consulter si la gêne occasionnée est trop importante.
La prévention
Il faut limiter l’excès de graisse dans la zone abdominale car cela est associé à la croissance de l’adénome (alimentation, activité physique…). Certains extraits de plantes sont connus pour réduire son évolution : écorce de prunier d’Afrique et Baies de palmier nain de Floride. Et avec moins d’efficacité : Huile de pépins de courge, racine d’ortie blanche…
Attention, certaines études semblent montrer qu’une consommation journalière de plus de 100 mg de zinc doublerait le risque de développement de cancers de prostate.
Les traitements
Le traitement n’est pas systématique si les symptômes ressentis sont mineurs et s’il n’y a pas d’impact sur l’appareil urinaire. A défaut, un traitement médicamenteux est habituellement proposé en première intention. S’il s’avère inefficace, un acte chirurgical peut être envisagé. A noter : une retrait chirurgical « préventif » n’est pas justifié car l’aggravation de la maladie n’est pas automatique. En revanche, en cas d’obstruction urinaire, il n’est pas conseillé d’attendre trop longtemps pour consulter afin d’éviter les complications ultérieures.
En cas d’échec des médicaments, plusieurs stratégies peuvent être proposées :
Les traitements de référence qui retirent l’adénome de la prostate :
- la chirurgie par retrait en bloc, en copeaux ou par vaporisation. La résection endoscopique est l’opération la plus courante pour des volume généralement inférieur à 80 cc. Le chirurgien racle l’adénome qui comprime l’urètre au moyen d’un instrument avec caméra introduit par les voies naturelles (canal de l’urètre). Elle est de plus en plus remplacée par d’autres techniques utilisant la vaporisation ou l’énucléation (l’ablation thermique par laser par exemple). Certaines peuvent désormais traiter des volumes plus importants. D’autres méthodes sont à l’étude comme l’aquablation (forage de l’adénome avec un jet d’eau sous haute pression).
- les interventions par voie abdominale réservées traditionnellement aux adénomes de gros volumes. Mais ces méthodes se font distancer par les progrès techniques de l’endoscopie. L’adénomectomie, laisse la capsule prostatique intacte et ne doit pas être confondue avec la prostatectomie radicale réalisée dans le cadre d’un traitement pour un cancer de la prostate.
- A noter : ces chirurgies suppriment l’éjaculation. La prostate doit continuer à être surveillée car un cancer peut toujours se développer dans cette zone périphérique de la prostate restante.
Les traitements qui décompriment l’urètre sans retirer l’adénome.
Leur efficacité est démontrée à court terme, c’est plus incertaine à moyen et long terme.
- L’incision cervico-protastique par voie chirurgicale ou endoscopique (sans ouverture des parois) est plutôt destinée aux hommes ayant une petite prostate. Elle consiste à inciser le col de la vessie et du canal de l’urètre. Cette technique peut préserver l’éjaculation mais irrégulièrement.
- D’autres techniques existent comme l’embolisation pour boucher les vaisseaux de l’HBP, la technique REZUM qui injecte de la vapeur d’eau par une aiguille…
Le choix est vaste et dépendra de nombreux facteurs comme le volume de la prostate, de l’existence ou non d’un anticoagulant, du souhait de préserver l’éjaculation…
Demander un 2ème avis
L’hyperplasie bénigne de la prostate (ou adénome de prostate) est la tumeur bénigne la plus fréquente chez l’homme. Solliciter un avis spécialisé est pertinent car il s’agit d’un sujet sensible compte tenu des enjeux d’impuissance et d’incontinence urinaire associés. Dans ce contexte, un deuxième avis permet de prendre part aux choix thérapeutiques de manière plus éclairée. Les traitements sont multiples, notamment en cas de traitements médicamenteux ou chirurgicaux, et il est important de définir les options les plus adaptées au patient et présentant le moins d’effets secondaires. Dans le cadre du partenariat entre ANAMACAP et deuxiemeavis.fr, vous avez la possibilité de demander un avis complémentaire auprès de l’un des médecins hautement spécialisés sur cette pathologie. Cet avis est 100 % pris en charge pour les adhérents d’ANAMACAP.
NB : Pensez à bien sélectionner le nom de l’association ANAMACAP dans la liste déroulante à la question « comment nous avez-vous connus ? » pour activer la prise en charge.
La prostatite
Les causes
Une prostatite est une inflammation de la prostate d’origine infectieuse ou non. Elle assez fréquente à tout âge. On distingue la prostatite aigüe de la prostatite chronique.
Comme l’hypertrophie, elle ne peut en aucun cas dégénérer en cancer de la prostate.
Les symptômes
Les symptômes sont très variables d’un hommes à l’autre, incluant des douleurs pelviennes (dans le bas ventre), une gêne lors des mictions, des besoins pressants d’uriner (impériosité).
Parfois les symptômes sont irritatifs, proches de ceux de l’hypertrophie : envie pressante et fréquente d’uriner, impossibilité de retenir sa vessie (incontinence d’urgence), besoin de se lever plusieurs fois par nuit pour vider son urine.
Les signes d’une prostatite chronique sont plus diffus. Ils sont prolongés ou intermittents, apparaissant et disparaissant sans explication identifiable. Les douleurs allant du bassin vers le dos ou le rectum sont parfois ressenties jusque dans le pénis. L’éjaculation a souvent un impact sur les douleurs, en les renforçant ou en les atténuant.
Les traitements
La prostatite aigüe bactérienne est une urgence médicale, surtout si elle s’accompagne de forte fièvre. Il faut une intervention. En l’absence de soins, les bactéries présentes dans le sang peuvent provoquer une septicémie (infection généralisée).
Après analyse de l’urine pour identifier les bactéries responsables, le traitement consiste principalement en une prescription d’antibiotiques.
Dans la majorité des cas, les causes de la prostatite chronique ne sont pas d’origine bactérienne et restent difficilement identifiables. Son traitement s’avère donc particulièrement délicat. Elle peut faire l’objet d’une prise en charge plus générale du patient en tant que signe d’une souffrance non exprimée.
En conclusion
Ces deux autres maladies de la prostate, bien que courantes, ne sont pas des cancers. Cependant, elles peuvent affecter de manière significative la qualité de vie. Si vous éprouvez des symptômes comme des troubles urinaires ou des douleurs pelviennes, il est essentiel de consulter un professionnel de santé pour bénéficier d’un suivi ou d’un traitement adapté. La diversité des traitements permet de trouver des solutions qui vous conviennent et de préserver votre bien-être au quotidien.
Points clés
- L’adénome (HBP) et la prostatite ne dégénèrent pas en cancer
- Ces maladies de la prostate sont courantes
- L’HBP n’est pas forcément traitée, au besoin il existe une multitudes de stratégies
- Après traitement d’un HBP, la prostate doit continuer à être surveillée
- La prostatite aigüe bactérienne surtout avec forte fièvre est une urgence
Sources : livre « dans la tourmente de la prostate » éditions Favre, des Prs FOURNIER et CUSSENOT et le site de l’Association Française d’Urologie
Mise à jour : octobre 2024