Dans cet article, nous explorons les mécanismes essentiels de l’érection, ses étapes clés et les impacts potentiels des traitements. Comprendre ces processus est une première démarche pour mieux appréhender les solutions disponibles et restaurer votre qualité de vie si vous êtes concerné.
Points clés
- L’érection est un processus complexe orchestré par le cerveau
- Les traitements du cancer de prostate peuvent altérer le mécanisme, le désir et la fertilité
- L’orgasme peut survenir indépendamment d’érections efficaces ou d’éjaculation « humide »
- La sensibilité nerveuse du gland, principale source de plaisir, est généralement préservée
- Il existe de nombreuses solutions en cas de dysfonction érectile.
LES Différentes fonctions sexuelles masculines
Les fonctions sexuelles masculines se décomposent en plusieurs éléments distincts :
L’érection : processus mécanique qui permet la rigidité de la verge, essentielle pour les rapports sexuels.
La sensibilité : sensation de plaisir ressentie, notamment lors de l’orgasme, indépendante de l’érection.
L’éjaculation : émission de sperme, une étape liée à l’orgasme mais distincte de la sensibilité.
La fertilité : capacité des spermatozoïdes à assurer une fécondation et donner naissance à un enfant.
Ces fonctions, bien que reliées, sont autonomes : une altération de l’une n’implique pas nécessairement une atteinte aux autres.
LES mécanismes de l’érection expliqués
Lorsqu’une personne est sexuellement excitée, le cerveau envoie des signaux nerveux spécifiques qui descendent par la moelle épinière jusqu’à la verge via les nerfs érecteurs. Ces nerfs sont connectés aux artères et aux structures internes du pénis, appelées corps caverneux.

Sous l’effet de ces signaux, un afflux sanguin se dirige vers les corps spongieux et les deux cylindres des corps caverneux du pénis, entraînant leur gonflement. Cette accumulation de sang permet à la verge de devenir rigide. Simultanément, les muscles situés à la base du pénis se contractent pour bloquer le retour du sang, assurant ainsi le maintien de l’érection.
La structure du pénis repose sur deux principaux éléments :
- Les corps caverneux : deux cylindres qui, en se remplissant de sang, procurent la rigidité nécessaire de la verge.
- Le corps spongieux : une structure qui entoure l’urètre, se prolonge par le gland et contribue à l’élasticité et au maintien de la forme du pénis.
Trois facteurs sont essentiels pour permettre une érection :
- Une circulation sanguine correcte : pour alimenter les corps érectiles, selon un principe de « système hydraulique ».
- Une stimulation nerveuse efficace : pour initier et maintenir l’apport sanguin.
- Une réponse hormonale adéquate : principalement grâce à la testostérone, qui influence la réceptivité des signaux nerveux.
Ce processus est un équilibre délicat. Différents facteurs expliquent la perte d’érection pour les patients atteints d’un cancer de la prostate.
Les étapes du cycle de l’érection
Le cycle de l’érection se décompose en quatre étapes principales :
- Tumescence : l’afflux de sang dans les corps érectiles entraîne le gonflement progressif du pénis.
- Rigidité de la verge : le pénis devient dur et rigide, prêt pour l’activité sexuelle.
- Orgasme : moment de plaisir intense, généralement associé à une libération de tension sexuelle.
- Éjaculation : expulsion de sperme, qui peut survenir indépendamment de la rigidité ou de l’orgasme. Ce processus est orchestré par une commande centrale influencée par différents stimuli, notamment psychiques. La réceptivité à ces stimuli dépend en partie de l’imprégnation hormonale, principalement la testostérone, qui joue un rôle clé dans la libido (désir) et la réponse sexuelle.
Sur le plan mécanique, une induction nerveuse permet d’ouvrir et de fermer de petits sphincters dans les corps érectiles. Ces sphincters contrôlent l’entrée et la rétention du sang dans la verge, assurant ainsi l’érection.
Dans le cadre des traitements du cancer de la prostate, deux éléments majeurs peuvent être altérés :
- La commande nerveuse : affectée par la chirurgie ou la radiothérapie par exemple.
- La réceptivité cérébrale : réduite par les traitements de privation androgénique (hormonothérapie), entraînant une baisse de la libido. Le patient est moins réceptif et donc moins enclin à pouvoir déclencher des érections.
Certains traitements comme la prostatectomie provoquent une éjaculation rétrograde : le sperme est alors redirigé vers la vessie. Bien que l’orgasme soit encore ressenti, l’éjaculation « visuelle » (l’émission de sperme) est absente.
LE MAINTIEN DE L’érection
Pour qu’une érection soit maintenue, deux mécanismes doivent être en jeu : l’arrivée du sang dans les corps érectiles et sa rétention dans la verge. Cette rétention repose sur de petits sphincters musculaires situés à l’entrée et à la sortie des alvéoles des corps caverneux.
- Lorsqu’une érection est déclenchée, ces sphincters se contractent sous l’effet du système nerveux, bloquant ainsi le retour du sang et augmentant la pression à l’intérieur des corps caverneux. Ce processus garantit la rigidité nécessaire à l’érection.
- Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (PDE5), comme le sildénafil, Viagra ou Cialis agissent en facilitant cette contraction musculaire, optimisant ainsi la rétention du sang et prolongeant l’érection.
À noter, l’apport artériel sanguin de la verge, assuré par l’artère honteuse interne, n’est généralement pas affecté par une prostatectomie, sauf en cas de problème vasculaire préexistant. Cette branche artérielle, qui irrigue directement les corps érectiles, n’est pas du tout en contact avec la prostate, ce qui permet de préserver le flux sanguin malgré l’intervention chirurgicale.
LE Rôle du système nerveux
Le système veineux de la verge joue un rôle clé dans le drainage du sang, permettant la régulation de l’érection et son retour à l’état de flaccidité après l’acte. Ce réseau est complexe, réparti sur plusieurs niveaux, et fonctionne en étroite coordination avec le système artériel pour maintenir un équilibre entre afflux et reflux sanguin dans les corps érectiles.
La commande nerveuse et ses implications
Les voies nerveuses responsables de l’érection et de l’éjaculation sont distinctes et indépendantes :
- L’érection : contrôlée par les nerfs érecteurs, qui assurent la commande mécanique du système hydraulique de la verge. Ces nerfs forment un réseau millimétrique très fin (de la taille des cheveux), situé sur les faces latérales de la prostate, et se regroupent pour rejoindre les corps caverneux.
- L’éjaculation : régie par le nerf sympathique autonome, traverse le plancher pelvien.
Ces distinctions expliquent pourquoi :
- Une érection et une sensibilité peuvent être conservées même sans éjaculation.
- Un orgasme peut survenir indépendamment d’une érection efficace ou d’une éjaculation « humide ».
Les nerfs érecteurs sont difficiles à localiser et fragiles. Leur préservation lors d’une prostatectomie est un défi : pour les épargner, il faut passer au ras de la prostate et les décoller avec précaution. C’est donc un choix permanent entre risquer de laisser de la tumeur pour préserver l’érection ou retirer l’ensemble de la tumeur en altérant les nerfs érecteurs. Par sécurité, s’il y a une tumeur périphérique, il est évident qu’il n’est pas souhaitable de préserver les nerfs car il existe un risque majeur de laisser de la tumeur.
Enfin, il est important de noter que la sensibilité nerveuse du gland, principale source de plaisir, reste indépendante de ces nerfs. Elle est donc généralement préservée, même si la commande mécanique de l’érection est altérée.
L’impact des traitements sur la fertilité
Le fonctionnement de l’appareil reproducteur repose sur plusieurs étapes clés :
- La testostérone, produite par les testicules, stimule la fabrication des spermatozoïdes.
- Ces spermatozoïdes transitent par le canal déférent, qui rejoint les vésicules séminales et la prostate pour contribuer à la formation du sperme.
- La prostate joue un rôle central en produisant environ 80 % du volume du sperme.
Toute intervention ciblant la prostate, comme la prostatectomie, la radiothérapie ou l’hormonothérapie, impacte directement ce processus. Ces traitements entraînent une réduction significative, voire l’arrêt complet, de la production de sperme, affectant ainsi la fertilité.
Il est essentiel que les patients soient informés de ces conséquences afin d’explorer les options disponibles, telles que la conservation de spermatozoïdes avant le traitement, s’ils souhaitent préserver leur capacité à avoir des enfants.
OSER ABORDER LE SUJET POUR DES SOLUTIONS Adaptées
Si les traitements du cancer de la prostate peuvent avoir des répercussions sur les fonctions sexuelles et la fertilité, il est important de noter que des solutions existent pour vous accompagner ainsi que votre partenaire. Qu’il s’agisse de traitements spécifiques pour soutenir l’érection, de la conservation de sperme avant une intervention, ou d’un suivi psychologique et médical global, des ressources sont disponibles pour répondre à ces défis. La santé sexuelle fait partie des soins de support obligatoire. L’essentiel est d’ouvrir le dialogue avec votre partenaire et d’aborder ces sujets avec votre équipe médicale pour explorer toutes les options de récupération de l’érection.
Publié en décembre 2024.
Source : intervention du Pr Olivier CUSSENOT lors d’une journée scientifique médecins-patients de l’ANAMACaP