Schéma curiethérapie cancer de prostate

La curiethérapie prostatique

Voici quelques recommandations, précautions et réponses aux questions que vous pourriez vous poser (avec l’aimable autorisation du Professeur Didier Peiffert, curiethérapeute au centre Alexis Vautrin, à Nancy – 2010)

La curiethérapie (= brachytherapie) se fait par la mise en place définitive dans la prostate de grains d’iode 125 radioactifs d’une quantité proportionnelle au volume de votre prostate. Les grains d’iode sont enrobés par une capsule en titane. Ils se présentent comme de petits fils métalliques de couleur argentée, de 0,8 millimètre de diamètre sur 4,5 millimètres de long. Ils ne provoquent pas d’allergie. Ils agissent par émission radioactive sur quelques millimètres. Cette radioactivité diminue au fil du temps et avec la distance : quelques précautions sont à respecter dans les premières semaines de traitement.

Toutefois, la radiation émise à distance de la prostate et à la surface du corps reste sans danger. Elle est inférieure aux irradiations naturelles comme les rayons cosmiques, la radioactivité du sol ou bien encore celles perçues lors d’un séjour en montagne ou lors d’un voyage en avion.

Oui
Une consultation avec échographie par voie endorectale (planimétrie) est nécessaire afin de déterminer le volume exact de votre prostate, et de commander les grains d’iode 125 adaptés à votre traitement.

Une consultation auprès d’un médecin anesthésiste lui permettra de vous expliquer l’anesthésie générale de 2 heures nécessaire à la mise en place des grains d’iode.

Le médecin anesthésiste peut vous prescrire une consultation auprès d’un médecin cardiologue s’il le juge nécessaire et vous indiquera la conduite à tenir concernant vos traitements médicamenteux habituels.

Si le médecin urologue le juge nécessaire, il pourra vous prescrire un traitement hormonal pendant 2 à 3 mois afin de faire diminuer le volume de la prostate et de rendre techniquement possible la curiethérapie.

Il vous prescrira également une analyse d’urines (ECBU) à réaliser 10 jours avant l’hospitalisation.

L’hospitalisation

Vous serez hospitalisé environ 48 heures, dans le service de curiethérapie, dans une chambre individuelle.

La législation impose que les patients porteurs de grains radioactifs soient hospitalisés en secteur dit de zone contrôlée. Dans ce service, le personnel est habilité à manipuler des sources radioactives.

Dès l’entrée, l’infirmière du service vous préparera en vue de l’implantation : rasage local, prise de sang, électrocardiogramme…, vous rencontrerez également le médecin anesthésiste.

Vous resterez à jeun : il ne faudra ni boire, ni manger, ni fumerà partir de minuit. Le matin vous prendrez une douche avec le savon remis par l’infirmière. Puis, une dernière préparation pré-opératoire sera faite par ses soins. L’intervention dure 2 heures sous anesthésie générale.

Les grains sont mis en place définitivement :
– sous contrôle de la sonde d’échographie endorectale (1)
– par voie périnéale, à l’aide d’aiguilles implantées dans la prostate puis retirées avant la fin de l’anesthésie (2)

Le nombre de grains (entre 60 et 100) et leur position sont calculés tout au long de l’intervention afin que le traitement soit bien réparti sur la prostate et épargne au mieux la vessie et le rectum.

Après l’intervention, vous resterez dans la salle de réveil située au bloc opératoire 1 à 2 heures puis vous retournerez dans votre chambre.

Une sonde urinaire posée en début d’intervention vous donnera une sensation désagréable au réveil et l’envie d’uriner. Cette sonde, laissée en place jusqu’au lendemain matin, permet de vérifier l’absence de saignement et sert parfois à rincer la vessie.

Un traitement contre la douleur pourra vous être prescrit si nécessaire.

Vous pourrez parfois ressentir une pesanteur du périnée liée au passage des aiguilles, retrouver quelques traces de sang dans vos urines, ainsi qu’une ecchymose (“un bleu”) et une sensibilité entre les jambes : tous ces désagréments ne sont pas inquiétants.
Vous pourrez manger et boire normalement à votre réveil.

Le lendemain, la sonde urinaire sera retirée. Ce n’est pas douloureux mais vous pourrez ressentir une petite gêne. Vous pourrez ensuite uriner normalement.

Questions / réponses

Oui
Pendant l’implantation au bloc opératoire, une aiguille peut toucher la paroi de la vessie et provoquer un saignement urinaire qui ne durera pas.

Non
Les grains sont permanents mais il peut arriver que quelques uns d’entre eux migrent dans les urines et dans le sperme. D’où quelques précautions à respecter après l’implantation :
– filtrer les urines pendant 15 jours
– utiliser un préservatif en cas de rapport sexuel pendant 2 mois.

Peu
Rester à une distance d’un mètre vis à vis des autres personnes, en particulier les enfants et femmes enceintes. Pendant les 2 premiers mois.
Avec un filtre à café posé sur un bocal et pour une durée de 15 jours.
Un pot en acier vous sera remis à votre sortie pour stocker les grains si vous en retrouviez dans le filtre.
Non, mais il faut boire beaucoup pour diluer les urines.

10 jours après l’intervention peuvent apparaître des sensations de brûlure urinaire, celles-ci s’estomperont en quelques mois.

D’autres effets secondaires peuvent survenir 3 à 4 semaines après, à savoir des envies fréquentes d’uriner et/ou une faiblesse du jet urinaire. Exceptionnellement, il peut être nécessaire pour un meilleur confort de dériver provisoirement les urines en mettant en place un cathéter sus-pubien. Ces symptômes régressent eux aussi progressivement mais peuvent parfois durer 6 à 8 mois.

Des consignes seront données à votre médecin traitant qui pourra vous prescrire un traitement afin de limiter ces effets secondaires et prendre contact avec l’urologue si nécessaire.

Un contrôle est prévu un mois après l’implantation par un scanner dosimétrique pour confirmer la position des grains. Une visite auprès du médecin est habituellement organisée le même jour.

Puis contrôle biologique avec dosage du PSA (antigène spécifique de la prostate) à 6 mois, à 1 an puis annuellement. La valeur du PSA va chuter lentement jusqu’à la 4ème année, reflétant l’efficacité du traitement. Une consultation avec examen clinique sera organisée en alternance entre le curiethérapeute et l’urologue.

Actualités et histoire de la curiethérapie (2016)

Sujet présenté par le Dr Laurent CHAUVEINC, oncologue-radiothérapeute au centre de radiothérapie Hartmann à Levallois-Perret (92)

 

Indications :

  • Tumeurs strictement à l’intérieur de la prostate
  • T1 et T2a
  • NO et MO
  • PSA ≤ 15 ng/mL
  • 1 seul facteur de risque (PSA < 10 ng/mL OU Gleason = 7)

 

Contre-indications relatives

  • Score IPSS supérieur à 5 (difficultés urinaires)
  • Volume prostatique > 45 g
  • chirurgie prostatique antérieure

Eléments à noter

Extraits de la journée scientifique 2016, sujet présenté par le Dr CHAUVEINC

 

  • La dose délivrée et la sélection du patient sont les 2 critères importants
  • La curiethérapie est une technique fiable et validée, elle a le même âge que la prostatectomie radicale
  • La toxicité est réelle (urinaire) mais est contrôlable et vivable
  • Traitement classique qui offre la meilleure conservation sexuelle
  • Pas d’incontinence

 

Essais en cours

Ouverture de la curiethérapie à des cancers plus graves :

  • par l’association de la radiothérapie à la curiethérapie de bas débit (grains)
  • par la curiethérapie à haut débit de dose (injections de produits radioactifs dans des gaines)

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